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Le Blaireau - Carnet éditorial

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Le Blaireau - Carnet éditorial
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27 mars 2007

Le poids de la honte

Contrairement à ce que disait René Lévesque lors de l'élection du PQ en 1976, aujourd'hui, je n'ai jamais eu aussi honte d'être Québécois.

Première incongruité terrible : comment se fait-il que le Québec puisse réélire, ne serait-ce que minoritairement, le gouvernement de Jean Charest qui, pourtant, a tout fait pour être détestable pendant les quatre dernières années ? Qu'on dise que le peuple a la mémoire très courte, cela est chose établie. Mais il y a une large différence entre avoir la mémoire courte et n'avoir pas de mémoire du tout, de ne pas du tout considérer les événements du passé quand on entre dans l'isoloir pour marquer notre X, bref,  de faire exactement comme les populations pseudo-démocratisées du tiers monde, celles qui, nullement au courant des moindres enjeux politiques de leur pays, placent leur croix à côté du candidat qui a la tête la plus sympathique. On pourrait pourtant être tenté d'accorder au Québécois moyen une certaine conscience politique, partant du fait que la majorité d'entre nous sommes au moins alphabétisés, au plus diplômés et que, par conséquent, nous avons accès à l'information, aux enjeux, aux idées. Expliquez-moi donc comment faire pour oublier quatre années d'arrogance libérale, un gouvernement hautain qui n'en a fait qu'à sa tête, la plupart du temps en allant à l'encontre de l'opinion publique et de la volonté des citoyens ? Comment oublier les scandales, le copinage avec les conservateurs d'Ottawa, la loi 142 ? Et comment diable les résidents d'Orford ont-ils pu oublier la vente éhontée de leur parc national aux intérêts privés, en réélisant le libéral Pierre Reid dans leur comté ? J'ai parfois l'impression qu'on pourrait faire absolument n'importe quoi aux Québécois : liquider leur pays, leurs emplois, leurs programmes sociaux, leur langue, et que tout ça ne changerait absolument rien au résultat d'un scrutin, de la même manière que les populations démocratisées d'Afrique reportent constamment au pouvoir les tyrans les plus corrompus du monde.

Deuxième incongruité terrible : l'avènement d'un nouveau Messie. Si au moins la population d'un peu partout au Québec (et nous le savons maintenant, ce n'est plus un phénomène isolé à la seule région de Québec) avait voté pour Mario Dumont par conviction idéologique, je ne pourrais que m'incliner devant la voix du peuple, même si je ne partage pas du tout cette vision d'un Québec conservateur à la sauce Maria Chapdelaine. Toutefois, le Québécois adéquiste n'a pas voté pour Mario Dumont en raison des idées car, soyons francs, il n'en a pas. Mario Dumont vogue sur une conception utopique et irréaliste des relations fédérales-provinciales et, pour rendre ses projets le moindrement crédibles sur le plan financier, annonce ouvertement qu'il mettra en péril presque tous les acquis sociaux québécois : quasi-gratuité scolaire, gratuité des services de santé, et l'administration étatique qui en découle. Toutefois, sa campagne électorale, qu'on vante pour des raisons assez obscures, n'a aucunement été centrée sur les idées : la preuve est que l'ADQ n'avait qu'hypothétiquement chiffré ses engagements électoraux, prétextant attendre le budget fédéral pour ce faire. Or, même après le budget électoral, comme il ne restait qu'une semaine de campagne, on a préféré continuer à courtiser directement les citoyens sans les importuner avec des chiffres, qu'ils soient fantaisistes ou non. De plus, on n'a pas non plus voté pour l'ADQ pour la crédibilité de son équipe, crédibilité inexistante s'il en est, car tous ses candidats sont d'illustres inconnus choisis dans la hâte de présenter un candidat dans chaque circonscription. Conséquemment, Mario Dumont s'est présenté au fil d'arrivée sans idées, sans équipe, avec rien d'autre qu'un discours médiocrement populiste dont le leitmotiv était : « Y faut qu'ça change ! ». Pourant, malgré tout cela, l'ADQ a raflé suffisamment de sièges à l'Assemblée nationale pour former l'opposition officielle.

Comme je le disais plus tôt, si le Québec avait voté pour les idées de Mario Dumont, nous pourrions en conclure que c'est la volonté politique d'une nation de s'orienter de la sorte. Or, nous savons que ce n'est pas le cas, pour les raisons mentionnées précédemment. Pourquoi donc avoir voté pour lui, d'une façon aussi généralisée ? Ce phénomène, à mon avis, en cache un second, autrement plus troublant. Il s'explique aisément par le genre de campagne électorale menée par l'ADQ et le discours qu'a tenu Mario Dumont envers les Québécois depuis un mois. La triste vérité est que le Québécois moyen, au moment de placer son X sur le carton de vote, se contrefiche des enjeux sociaux, de ce qu'implique son vote sur le plan social, provincial, fédéral, national... car le Québécois moyen, malheureusement, ne voit pas plus loin que les limites bien définies de sa cour clôturée où l'herbe doit constamment être plus verte. On ne vote pas pour les partis qui proposent de donner au pays des structures sociales novatrices et avantageuses dont bénéficieront nos enfants plus que nous-mêmes; on ne vote pas pour les partis qui impliquent des changements à grande échelle et qui pourraient aider à redéfinir et à améliorer la place et la réputation du Québec de par le monde; on se vend au premier parti qui nous offre 100$ de plus par semaine, question de pouvoir changer la piscine qui se fait vieille et peut-être, si on est chanceux, repeindre la remise ou se payer quelques bons restos. C'est là où on ignore, d'une façon plus que navrante, toute l'incongruité de ces idées : dans la gestion étatique, chaque dollar de plus que l'on donne aux Québécois est invariablement soustrait ailleurs. Et dans la gestion de l'ADQ, les primes que l'on donnera si généreusement aux petites familles pour qu'ils aient plus d'enfants, d'où seront-elles soustraites ? Du système de santé, du système d'éducation, entre autres. Ils riront bien, les petites familles adéquistes québécoises, quand leurs enfants, qu'ils auront si aisément élevés tout en se payant un peu de luxe, seront en âge d'entrer au Cégep ou à l'université et que les frais de scolarité feront en sorte que seuls les enfants issus de familles aisées auront accès aux études supérieures. Ils riront bien, les petites familles, quand ils devront payer de leur poche les soins médicaux de leurs nombreux enfants. Ils riront bien, les parents, quand leurs enfants leur reprocheront d'avoir vendu les programmes sociaux pour un peu de bien-être immédiat, de la même façon que nous reprochons aujourd'hui aux baby-boomers d'avoir profité sans aucun effort de la prospérité du pays de jadis et de ne vouloir faire, aujourd'hui, aucun sacrifice par rapport à leur retraite dorée et à leur petit bonheur.

Hier, le Québec a démontré hors de tout doute qu'il est un peuple sans orgueil, sans jugement, sans vision et sans ambition.

Non, vraiment, aujourd'hui, je le dis sans détour, je n'ai jamais eu aussi honte d'être Québécois.

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14 mars 2007

Le festival des analyses à deux sous ou de l'insatiable besoin de s'entendre parler

C'est période d'élections au Québec, il y a eu débat des chefs.

Si vous commencez à lire ce message en croyant que vous pourrez y découvrir toutes mes impressions sur le débat, arrêtez immédiatement votre lecture, ouvrez Google, tapez 'Débat des chefs' et allez lire une des dizaines de milliers de chroniques insipides et complaisantes à ce sujet. Je ne discuterai ici ni du débat ni de mes impressions, mais plutôt du « Méta-débat » c'est-à-dire tout ce qui entoure l'événement en tant que tel.

Faux débat

Mon premier commentaire porte sur la nature de l'événement, qu'on se plaît à nommer « débat » ou, encore pire, « débat d'idées ». Les commentateurs les plus intéressés vous diront qu'ils espèrent « un véritable débat de fond », qui porte « sur les vraies choses », qui « touche réellement aux priorités des Québécois ». Ce à quoi je réponds : fariboles !

Au sens le plus intellectuel du terme, le mot « débat », lorsqu'il s'applique aux idées (comme on se plaît à le croire dans un débat éléctoral),  implique une discussion, un dialogue par rapport à une question. L'objectif intellectuel d'un véritable débat serait donc l'atteinte d'un consensus par rapport à cette question : s'entendre avec les autres participants au débat sur la meilleure solution possible à apporter à un problème donné. Or, vous savez tous (car vous n'êtes pas plus naïfs que moi) qu'aucun des candidats participant à un débat électoral ne s'y présente avec une intention dialectique, dans le but d'enrichir sa propre position intellectuelle grâce à la confrontation des idées et d'un véritable dialogue.

Le débat électoral n'est donc pas un débat à proprement parler mais bien une joute oratoire. Une joute comme au Moyen Age, où le but de tout candidat est de frapper l'adversaire le plus fort possible sans toutefois tomber en bas de son propre cheval. Chacun arrive avec son sac d'idées toutes faites qu'il faut présenter et, évidemment, s'en tiendra tout au long de l'événement à des paroles prévues des lustres à l'avance. Rien à voir avec un véritable débat, où les idées des uns et des autres devraient fluctuer au rythme de la pertinence des discussions. Cela donne le résultat que l'on connaît; vous remarquerez d'ailleurs que dans le débat d'hier comme dans tout autre débat électoral, personne ne s'écoute et on répond rarement aux questions des autres, preuve tangible de l'inexistance totale d'un dialogue. Bref, quiconque aborde un débat électoral en pensant avoir droit à un échange d'idées intéressant dont le pays pourrait bénéficier est d'une navrante naïveté.

Les analyses à deux sous de nos spécialisses, commententeurs, gourous et autres exaltés

Cette questions sémantique sur le « débat » étant réglée, passons aux choses sérieuses. J'ai regardé le « débat » (si vous permettez qu'on continue de le nommer ainsi) pour des raisons précises et j'en suis satisfait. Ce qui m'entourloupe la fibre polémiste dans tout ça, c'est le délicieux givrage sucré dans lequel on trempe et retrempe l'événement par la suite, la panoplie d'émissions spéciales et l'interminable défilé de spécialisssses qui viennent, à mon avis, ruiner tout ce qu'un débat électoral devrait représenter.

Pour les raisons expliquées ci-haut, on ne doit pas s'attendre à un débat, c'est chose établie. Étant une joute oratoire, le débat électoral n'a qu'un seul objectif : convaincre un auditoire (ce qui exclut évidemment les autres participants au débat) ou, du moins, paraître le plus convaincant. Par conséquent, on ne peut juger d'un débat électoral que de façon essentiellement subjective. Notre interprétation d'une telle joute oratoire découle invariablement de l'impression laissée par chacun des candidats sur notre «moi-pensant», c'est-à-dire notre individu, avec ses préjugés, ses attentes, ses espoirs, ses idées préconçues. Les journalistes, évidemment, n'échappent nullement à la règle, étant humains au même titre que tout le monde, et d'autant plus que nous connaissons la façon dont les divers médias peuvent biaiser l'information (à ce sujet, lire mon billet sur L'objectivité, impossible quête). Ainsi, tout ce que l'on peut présenter comme information avant et après un débat électoral n'est que pure propagande des uns et des autres, propagande que l'on veut bien maquiller à grands coups d'étiquettes pompeuses apposées aux divers invités, « Professeur Untel », « Spéclialisse de communications », « Esspert en débats zélectoraux », etc.

Or, l'opinion de toute cette bande d'exaltés et de « M'as-tu vu comme chus zintéressant ! » ne vaut pas plus que celle de monsieur Roger dans son salon de Pointe-Saint-Charles. Pourquoi ? Parce que malgré le fait qu'ils se disent tous impunément objectifs, ce qu'ils présentent, au fond, ce sont leurs impressions par rapport au débat, et ces impressions ne peuvent être que subjectives. Je me suis donc amusé, hier au soir, à regarder les diverses interventions toutes plus ronflantes les unes que les autres, qu'on nous a présentées à Radio-Canada.

La première (et la meilleure) a sans doute été celle de nos « spécialisses de l'image », deux clowns recrutés par Radio-Canada d'une façon totalement arbitraire et qui, tous deux, atteignaient visiblement un état de transe jubilatoire profonde et peut-être même un orgasme en s'écoutant parler. L'une nous disait qu'en voyant Jean Charest à l'écran, elle a « vraiment vu un premier minissse bien habillé », et l'autre de vanter le fait que Mario Dumont « venait littéralement chercher le ptit Québécois dans son salon ». Je ne m'étendrai pas outre mesure sur les propos de ces illuminés; je dirai simplement, au risque de me répéter, qu'ils ne font qu'exprimer leurs propres impressions (évidemment, politiquement orientées) en les présentant comme la seule et unique façon d'interpréter le débat. Bref, on veut dire à Monsieur Georges, assis dans son salon de Ste-Agathe, que s'il a trouvé, lui, que Jean Charest avait l'air fragile ou mal à l'aise, il est un gros épais qui ne connaît rien, un crétin qui n'a rien compris au débat parce que nous, les zexperts, on dit le contraire. Il en est de même pour tous les autres intervenants qu'on a pu faire défiler à l'écran à toutes les chaînes télé. Le choix de ces intervenants n'était d'ailleurs pas aléatoire : à Radio-Canada, on avait mis une journaliste de The Gazette plus mitigée, un gros abruti de CBC qui vantait les idées libérales et le chroniqueur du Devoir, Michel David, pour prendre la défense du PQ. Comment peut-on croire ensuite que l'opinion des journalistes est objective ?

Le comble du ridicule, c'est évidemment le point de presse que présente chaque parti après le débat. Les uns après les autres, ils défilent pour vanter leur performance, dire qu'ils sont « très satisfaits » du débat qui a certainement été « très zutile aux Québécois ». Et comme si ce n'était pas assez, ils présentent même leur autoévaluation : « Mon parti me donne 8,5/10 pour ma performance, c'est pas mal, hein ? ».

En somme, le meilleur conseil que je puisse vous donner, c'est de regarder le débat avec vos propres attentes, de fermer la télévision tout de suite après afin de vous épargner tout un lot d'insanités spécialisées, et d'en faire votre propre interprétation, que vous gardez pour vous et qui devrait être la seule à faire pencher la balance le 26 mars prochain.

Bernie, ce monument

Avant de terminer, un dernier clin d'oeil (mauvais oeil, s'il en est)... Le méta-débat à Radio-Canada était évidemment présenté et coordonné par Bernard Derome. Ah... Bernie (tu permets que je t'appelles Bernie, depuis le temps qu'on se connaît...) monument incontournable de l'information. Or, comme tout monument qui se respecte, Bernie s'est défraîchi, s'est effrité, a perdu des petits bouts un peu partout, au fil du temps... Le problème, c'est que contrairement à la coupole de l'Oratoire Saint-Joseph ou à la façade de la Basilique Notre-Dame, notre pauvre Bernie, lui, ne se restaure pas. Je ne peux donc pas m'empêcher de dire qu'il aurait mieux fait de demeurer un glorieux et respecté retraité plutôt que de revenir bafouiller et divaguer sur nos téléviseurs tous les soirs à 22 heures, malédiction qui semble s'empirer davantage lors des émissions spéciales en période d'élections. Sauf tout le respect que je dois à cette divinité du bulletin de nouvelles, il serait peut-être temps de changer de dieu avant que l'église ne se vide de ses fidèles...



1 janvier 2007

Bonne année 2007 !

Au nom de toute l'équipe de rédaction du Blaireau (c'est-à-dire moi), que votre année 2007 soit riche en scandales savoureux et en débats interminables !

Bonne et heureuse année 2007 !

19 décembre 2006

La BD du jour... pas de quoi rire !

Honteusement, je vous avouerai que j'ai l'étrange manie de lire systématiquement les bandes dessinées après mon dépouillement quotidien du journal. C'est une habitude que j'ai prise quand, étant adolescent, j'ai commencé à lire le journal tous les jours. À l'époque, j'étais à Québec et j'y lisais Le Soleil qui proposait chaque jour cinq ou six bandes dessinées dont Hagar l'horrible et Peanuts mais surtout Baptiste, l'homme qui vit dans une poubelle.

Après m'être exilé à Montréal, j'ai poursuivi cet étrange hobby quotidien dans La Presse. Aujourd'hui, je fais la même chose avec Le Droit, ayant migré encore plus vers l'ouest.

Je m'étonne sincèrement de ne pas réussir à me départir de cette habitude, vu la piètre qualité des bandes dessinées qu'on présente dans Le Droit (La Presse n'était pas beaucoup mieux, d'ailleurs). Premièrement, les traductions de ces bandes dessinées figurent parmi les plus nulles qu'il m'ait jamais été donné de lire. Souvent ponctués de fautes ridicules, parfois incompréhensibles (des traductions littérales dont on perd le sens en version française; c'est d'ailleurs étrange de devoir retraduire une BD dans sa langue d'origine pour pouvoir la comprendre), les dialogues de ces bandes dessinées sont franchement moches. Parfois, le traducteur décide même d'écrire en « bon vieux québécwé », allez savoir pourquoi. Ainsi, nous avons eu droit à toute une semaine où Jon et Garfield discutaient de leur fameux « Toasteur » possédé par le diable.

Quand on pousse la réflexion un peu plus loin, on en arrive à excuser un peu le traducteur qui, bien sûr, ne peut pas faire de miracles avec des BDs qui sont déjà douteuses dès le départ.

garfieldAu risque de m'attirer le courroux d'un lectorat potentiellement pro-Garfield, je dirais que ce serait le temps qu'on passe à autre chose. C'est vrai, Garfield, après avoir lu trois cases, on les a toutes lues. Jour après jour, c'est sans cesse le chat qui dort ou qui a bouffé quelque chose et le maître débile léger qui n'arrive pas à se trouver de copine. Je lisais des Garfield à la fin des années 80 et force est de constater que la BD ne s'est pas renouvelée depuis. Faut savoir s'arrêter, quand on a fait le tour.

Hagar_The_HorribleIl y a ensuite « Hagar Dunor » (dont on traduisait le titre par « Hagar l'Horrible », à Québec et à Montréal, ce qui est plus logique vu le titre original « Hagar the Horrible »), les aventures du guerrier viking et de sa famille. Celle-là aussi tourne depuis longtemps comme un vieux 33 tours égratigné : ça griche, depuis 1973 ! D'autant plus qu'il arrive souvent que, faute de nouvelles bandes, on nous repasse les mêmes à un intervalle d'environ un ou deux mois. Enfin... ce n'est quand même pas la pire de toutes.

recipecomicEnsuite, il y a la BD « Ben » qui, dans le lot, est probablement la meilleure parce que plus récente, et créée par un artiste anglo-montréalais, Daniel Shelton. La BD présente le quoditien d'un couple de retraités. Les épisodes ne sont pas toujours drôles ou intéressants (suis-je trop dur ?), mais je trouve, dans l'ensemble, que les personnages sont attachants.

blondieLe clou du spectacle ! On atteint le fond du baril de Budweiser avec la BD « Blondinette », chef d'oeuvre américain du cliché. Créée en 1930 (!) cette BD nous présente la bonne famille-modèle à l'américaine : le mari lâche qui travaille dans un bureau; la femme blonde et plantureuse qui fait la cuisine et le ménage; le chien de la famille; les enfants du couple, adolescents insipides calqués sur le modèle de leurs parents... Jour après jour, année après année, les mêmes clichés vaseux sur la famille américaine, d'un ennui indescriptible, le tout doublé d'une traduction à la va-vite en franglish.

calvin_hobbes1Bref, il y a de quoi décourager même le plus fervent lecteur de bandes-dessinées. Je n'arrive pas à saisir pourquoi les quotidiens s'en tiennent aux dinosaures comme Blondie et Hagar alors qu'il y a présentement un tas de bandes dessinées géniales. Si on tient absolument à donner du boulot à des traducteurs de bandes-dessinées (qui ne font déjà pas beaucoup d'efforts, disons-le), il y a certaines BDs américaines autrement plus intelligentes que Blondie, comme par exemple Calvin and Hobbes, les aventures d'un enfant de six ans surdoué et de son tigre imaginaire. Le problème, c'est que Watterson n'écrit plus et qu'il s'est toujours tenu à l'écart de toute forme de publicité et de visibilité.

Certes, on pourrait probablement trouver amplement de BDs américaines ou étrangères qui remplaceraient à merveille les vieux parasites de tous les jours. Mais pourquoi ne pas encourager la production locale ? Le Québec regorge de jeunes artistes qui ont à la fois du talent et des choses à dire. Ne serait-ce pas la moindre des choses qu'un journal local comme Le Droit, La Presse ou Le Soleil, contribuent à la vie artistique de leur province ou de leur région ? On me répondra : ça coûte sûrement moins cher d'acheter des Blondie en vrac et de les faire traduire par un retraité de la chronique nécrologique. À cela je rétorquerai que je suis convaincu que plusieurs jeunes bédéistes accepteraient certainement de travailler pour presque rien afin d'avoir leur BD publiée quotidiennement dans un journal à grande diffusion. Côté visibilité, on peut difficilement faire mieux et pour le salaire, ils se reprendront aisément sur les hausses de vente d'albums.

baptistePour moi, Baptiste, la BD créée par Côté (le caricaturiste du Soleil) est sans aucun doute le summum de la BD quotidienne. Le concept était original, le dessin soigné et le message intelligent. De plus (et c'est tout à son honneur), Côté a su se retirer quand il a senti que sa création commençait à s'essoufler, ce que les créateurs de Blondie auraient dû faire il y a une bonne cinquantaine d'années. C'est d'ailleurs pourquoi, depuis la fin des années 90, on ne retrouve plus Baptiste dans les pages du Soleil.

La section BD des quotidiens québécois est, il me semble, fortement banalisée. On y met à peu près n'importe quoi, traduit n'importe comment, sous prétexte que ce ne sont, en fin de compte, que des « ptits bonshommes ». Mais a-t-on simplement une idée du nombre de gens qui peuvent les lire, jour après jour, avec une assiduité remarquable ? Ne serait-ce pas, justement, une tribune idéale pour tenir de nouveaux débats, présenter des idées neuves, encourager l'art d'ici et, de façon plus générale, l'art de la BD qui, somme toute, est encore réservé à un nombre limité de fans et d'initiés ?

16 décembre 2006

Petit commentaire va loin...

Je me permets d'attirer votre attention sur ce billet de mon ami Vecteur traitant d'un petit débat que nous avons fait il y a quelques semaines à propos de la chanson «Dégénérations» de Mes Aïeux, débat qui nous a valu -fort étrangement d'ailleurs- d'être cités dans un article de La Presse (Montréal, 16 décembre 2006).

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16 décembre 2006

Grand retour

Hé bien voilà ! Après une saison d'absence et quelques semaines de suspense intense, de rumeurs et de qu'en dira-t-on (qui n'ont, soit dit en passant, aucune parenté avec les ratons), le Blaireau est de retour en ligne. J'ai redessiné la bannière du carnet en optant pour une optique nettement plus minimaliste.

Je ne vous promets pas de messages quotidiens puisque, plutôt que de lancer des débats ridicules comme celui de Vecteur sur la fête de Noël, je préfère encore me taire quand je n'ai rien à dire.

Au plaisir de vous retrouver et de vous lire sur ces pages !

22 août 2006

Qu'est-ce qu'un blaireau ?

Selon Le Petit Robert, le mot blaireau provient de l'ancien français blarel (1312) et possède trois significations :

1) Un joli petit mammifère carnivore et très vorace;
2) Un outil (pinceau) habituellement fait de poils de blaireau dont on se sert pour peindre ou pour se raser;
3) «Une personne qui n'est pas du milieu», façon polie de dire : un imbécile.

Voyons maintenant en quoi ce terme a rapport avec ce carnet :
1)Moi, je suis un (joli, *hum...*) petit mammifère carnivore et très vorace;
2)Ce carnet est un outil qui me servira à peindre l'actualité nationale et internationale;
3)Quant aux autres blaireaux... ils seront probablement écorchés un jour où l'autre dans l'un de mes fréquents billets vindicatifs !

Bien sûr, le tout est tordu et un brin impertinent, mais c'est moi !

Bienvenue sur Le Blaireau !

17 août 2006

Carnet, ce sera !

Voilà, j'ai pris la décision de changer le sous-titre de mon site. Plus de « blog », j'ai décidé d'inscrire tout simplement Le Blaireau, carnet éditorial.

Après bon nombre de tergiversations pour trouver un néologisme digne de mon projet (toutes sortes de termes plus bizarres les uns que les autres ont défilé sous mes yeux), j'ai plutôt opté pour un mot qui existe déjà, « carnet » dont le sens est assez fidèle au contenu de mon site. Bien entendu, le mot ne suggère pas la dimension électronique de la chose mais, à bien y penser, puisque vous êtes là, à me lire via la Toile, n'est-ce pas déjà suffisamment évident ?

C'est un fait, la société québécoise moderne a remplacé le culte catholique par un culte non moins troublant, celui de l'évidence !

Je citerai à ce sujet un extrait du livre de Chassay que je suis tranquillement en train de lire : « On m'a parfois reproché un manque de clarté, entendre par là : ne pas être assez didactique, ne pas prendre mon interlocuteur par la main pour lui permettre de marcher sur la terre ferme, sans qu'il ait jamais, le pauvre, à faire un effort. Bref, on m'a parfois accusé de ne pas prendre les gens pour des valises, ce qui constitue, à mon sens, une étrange critique ».

Autre exemple du culte de l'évidence : vous êtes coincés dans le traditionnel bouchon de circulation sur l'autoroute métropolitaine à Montréal. Une heure (et deux cent mètres) plus tard, vous passez sous un panneau électronique installé à grands frais au-dessus de l'autoroute et qui vous annonce : AUTOROUTE 40 EST - CONGESTION. Splendide, n'est-ce pas ? J'en ferai peut-être le sujet d'un éventuel billet plus élaboré.

Enfin, je changerai ma bannière, dès que j'ai une minute ou deux !

15 août 2006

L'objectivité, impossible quête

Ce billet est le second de la série « Sommes-nous manipulés par les médias ». Vous excuserez une fois de plus mon absence prolongée; le temps me manque et écrire dans ce carnet n'apporte malheureusement pas de pain dans mon assiette !

Ce second billet propose une réflexion globale sur le concept d'objectivité. J'inscris cette réflexion dans une suite traitant des médias, mais ce problème n'est pas que celui des journaliste : il affecte aussi bien l'écrivain que l'historien ou encore le juge...

Dans bien des domaines, la crédibilité d'une personne repose sur sa capacité à « faire preuve d'objectivité » dans sa représentation du monde. Le journaliste qui décrit une guerre ou le juge qui entend une cause doivent laisser derrière eux leur moi-pensant, c'est-à-dire tout leur bagage éducationnel, idéologique, leurs valeurs et leurs préjugés. Bref, ils recherchent tous un état d'objectivité, au sens optique du terme : ils veulent percevoir le monde comme s'ils n'étaient qu'une froide lentille, un regard sans corps.

Cette quête est-elle possible ? Le principal problème survient justement dans les moyens, et non dans la fin. La lentille d'une caméra est, en elle-même, véritablement objective, c'est à-dire qu'elle reproduit exactement ce qu'elle capte du monde, sans aucune discrimination. Toutefois, la même caméra n'est plus objective du moment où, derrière la lentille, un œil sélectionne ce qu'il y a à capter. Toute sélection ne peut être objective car elle se base invariablement sur une mécanique d'inclusion/exclusion qui oblige à faire un choix. Ce choix est évidemment subjectif (tourné vers le sujet) : il ne dépend plus de ce qui est regardé mais bien de celui qui regarde, un regard qui fait appel à son moi-pensant pour juger de ce qui est ou non digne d'être capté. Dès lors, toute sélection, tout choix ne peut être universel ou objectif.

Objectivité : Qualité de ce qui existe indépendamment de l'esprit (Le Petit Robert).

Il ne faut pas confondre objectivité et neutralité. Par exemple, un journaliste peut rapporter les faits suivants : « Un incendie a détruit une grange située sur le rang Saint-Barthélémy dans la municipalité de Saint-Glinglin ». La phrase est neutre, au sens où elle est exempte de tout jugement, mais elle n'est pas objective car elle implique encore une fois un choix, celui de passer sous silence tel ou tel aspect de l'événement. Cette incontournable subjectivité provient de l'essence même de la langue et de son incapacité à rendre parfaitement le réel. Un objet, en lui-même est objectif puisqu'il est un être là. Mais comme toute langue est invariablement une création de l'esprit (qui se donne des moyens de communiquer), toute manifestation linguistique d'un objet ou d'un événement ne peut être objective parce qu'elle est obligatoirement dépendante de la même construction de l'esprit (la langue) qui lui attribue un sens non universel basé sur une vision du monde distincte et surtout très limitée. Ouf. Vous me suivez, jusqu'ici ?

De même, un historien qui décide de faire le récit de telle ou telle bataille historique est confronté lui aussi aux limites inhérentes au langage : il doit choisir quels aspect seront inclus ou exclus dans son récit. Bien sûr, il peut en faire un récit neutre (et encore, il y a le problème des sources, car l'historien se base sur des témoignages qui, eux, ne sont pas forcément neutres) mais certainement pas objectif, pour les raisons mentionnées précédemment.

S'il m'apparaît clair que l'objectivité est un concept absolument impossible à atteindre, la neutralité, elle, me semble une chose possible mais très difficilement réalisable. Sous l'apparence de la neutralité (c'est-à-dire l'absence de jugement par rapport à l'objet) se produisent souvent bon nombre d'hypocrisies et c'est justement là que se situe le potentiel de manipulation de l'information par les médias. Ainsi, un journaliste qui assiste à une conférence de presse peut choisir les propos qu'il va rapporter dans son article, comme il peut choisir d'en passer bon nombre sous silence. Même si les propos sont rapportés de façon neutre (linguistiquement parlant, il n'y a pas de jugement dans l'article) le résultat ne peut pas, lui, être neutre : le journaliste peut passer des faits sous silence ou encore citer des propos hors-contexte pour faire paraître le conférencier plus ou moins crédible, par exemple. C'est ce que clâme le Docteur Mailloux à propos de l'émission Tout le monde en parle où il avait semé la consternation en disant que les Noirs et les Indiens avaient un quotient intellectuel inférieur à la moyenne. Il affirme avoir tenté de s'expliquer mais que le montage de l'émission a fait en sorte que les producteurs n'ont présenté que les extraits compromettants, de façon à projeter une image faussée et scandaleuse de sa personne. Je ne me porterai pas à la défense du Doc Mailloux (loin de là...) mais je crois qu'il touche néanmoins à un point qui rejoint notre argumentation à propos de la neutralité dans les médias, à savoir que le média peut, sous le couvert d'une neutralité apparente, basculer sournoisement dans la manipulation d'information fidèle au dicton « ce qu'on ne sait pas ne fait pas de mal ».

Sans vouloir être fataliste, j'ai l'impression que cette pratique hypocrite est largement partiquée dans les médias d'information et que nous ne pouvons pas avoir l'esprit tranquille dans une société où nous savons les médias engagés sur le plan idéologique (voir le précédent billet).

Mon prochain billet traitera de la langue, celle-là même qui rend toute objectivité impossible, ainsi que des abus dont elle est victime de la part des médias.

8 août 2006

Sommes-nous manipulés par les médias ?

Je vous présente aujourd'hui le premier d'une série de billets portant sur les médias et leur façon de traiter l'information. Je trouve déplorable qu'on en parle si peu; pourtant, je ne suis pas non plus surpris : pourquoi les médias voudraient-ils soulever un débat qui risque de ruiner leur (pseudo)-crédibilité ?

 Je publierai un billet à tous les deux ou trois jours. J'ai déjà une liste de titres, mais il se peut qu'elle change en cours de route par des modifications ou des ajouts, au rythme de mes réflexions :

 1. Sommes-nous manipulés par les médias ?

2. L'objectivité, ou l'impossible quête médiatique

3. Langage, sensationnalisme et sensationnalisme linguistique

4. Quelques qualités d'un lecteur averti

 En guise d'introduction : la réflexion menant au débat

À la base, le métier d'un journaliste est fort respectable. Il est là pour servir une population, répondant à besoin essentiel de toute société contemporaine dont la formulation est devenue depuis la devise de bon nombre de quotidiens et de chaînes de télévision : avoir le droit de savoir. Le journaliste est donc un pont entre un individu et le monde, à une époque où les frontières s'estompent et où les distances se rétrécissent. Savoir que l'armée de votre voisin du sud se dirige vers votre village est une information qui peut vous sauver la vie. Savoir de quelle façon un gouvernement gère les finances publiques peut largement influencer votre vote, celui de votre voisin et, par extension, tout le profil politique d'un pays.

 Ne nous leurrons pas : nous dépendons irrémédiablement des médias dès que nous voulons savoir. De la couleur de la robe de la mairesse Boucher lors du dernier conseil de ville de Québec jusqu'au dernier bilan des victimes d'un tsunami à l'autre bout de la planète, nous savons vers qui nous tourner lorsque nous avons besoin de savoir.

 1. Sommes-nous manipulés par les médias ?

Du moment qu'ils se sont imposés en tant que détenteurs de l'information absolue, les journalistes, conscients d'avoir entre les mains une arme d'une puissance inouïe mais aussi à double tranchant, ont établi certains critères destinés à « protéger » leur métier sous l'égide de la crédibilité. Tout petit, je ne croyais pas aux abracadabrantes histoires de chasse de mon grand-oncle parce qu'il avait la réputation d'être un fieffé menteur. La même histoire dans la bouche d'une personne crédible aurait pu avoir un tout autre impact. On parlera alors de vérité mais surtout d'objectivité, le motus operandi de tout journaliste qui se respecte et qui veut se faire respecter.

Si les journalistes ont pris conscience du pouvoir qu'ils avaient entre les mains, d'autres ont aussi rapidement compris que gouverner équivaut à tenir les médias d'une main de fer et à faire rentrer les récalicitrants dans le rang. On pratiquait la censure dans l'empire romain et en France sous Louis XIV de la même façon qu'on la pratique encore aujourd'hui à Cuba. S'il existe de tels pays où l'on censure si effrontément l'information sans même s'en cacher (c'est le cas, par exemple, de la Chine), sommes-nous naïfs au point de croire que l'Occident, « Terre de Liberté » comme se plaisent à le croire nos voisins du sud, est à l'abri de ces pratiques sournoises ? La manipulation de l'information se pratique ici, sous nos yeux, et je dirais même que beaucoup de gens la trouvent normale.

C'est bien à la mode, ces temps-ci, de se dire de droite ou de gauche, d'extrême-droite ou d'extrême-gauche, de centre-droite ou de centre-gauche, de centre-centre gauche d'ascendance pseudo-droitiste, bref toute cette panoplie d'expressions simplistes et réductrices qui veulent nous faire croire qu'on peut placer le monde entier entre deux points cardinaux. C'est schtroumpf-vert et vert-schtroumpf, à chacun son clan et à chaque clan ses armes. Dès lors, on identifie chaque média d'information comme étant de droite ou de gauche, selon les intérêts de leurs propriétaires : Power Corp. à droite, Québécor à gauche, noir et blanc, tout est clair, soyons tous des biauriculosomniaques tranquilles. Au peuple le Journal de Montréal et à l'intelligentsia Le Devoir, chacun chez soi et les médias seront bien gardés !

Comment ne pas voir que le problème se situe exactement là où réside notre confort par rapport à un média ? Quand j'achète Le Devoir, sachant que j'y retrouverai les informations orientées d'une façon qui me plaît, j'accepte du même coup le fait que l'information qu'on me sert n'est plus objective. J'accepte que les journalistes de ce quotidien passent certains faits sous silence et mettent l'accent sur d'autres afin de correspondre à une ligne idéologique et éditoriale bien tracée. Bref, j'accepte le fait d'être manipulé, de plein gré, par le média.

Dans le même ordre d'idées, j'attire votre attention sur l'article de Julien Brault publié dans le magazine Spirale (#208, mai-juin 2006, p. 32-33) intitulé « Souveraineté journalistique ». Cet article est, en fait, un compte rendu de trois essais publiés récemment traitant de la manipulation de l'information par les médias lors du référendum de 1995. « Un fédéraliste, un « pur et dur » et un Canadien-anglais originaire de Thunder Bay en viennent à la même conclusion : les médias ont favorisé le fédéralisme en 1995 ». Sans entrer dans les détails que présente Brault dans son compte rendu, cet article m'a permis de lancer une réflexion plus générale sur les médias et le contrôle de l'information.

Manipulés donc, nous le sommes. Si certains journalistes sont plutôt prompts à déshonorer leur profession pour servir sans aucun scrupule les intérêts des politiciens, encore faut-il aiguiser notre esprit critique pour prendre conscience du phénomène. C'est d'ailleurs la seule façon de contrer les effets pervers de la manipulation de l'information : en étant conscient de l'orientation éditoriale de ce que je lis (ou entends), je me permets de douter de la validité des faits qu'on me présente et je suis donc moins susceptible d'être réellement influencé par le média. Je ne m'attends pas à lire un article se portant à la défense de la cause souverainiste dans les pages de La Presse. Au contraire, je sais que ce que j'y lirai sera généralement (et subtilement) orienté de façon à faire briller davantage le point de vue inverse, le « bon côté » de la médaille.  Sachant cela, toute lecture devient critique, et toute lecture critique permet au lecteur de faire la part des choses entre l'information orientée et l'information réelle. Quand un quotidien patriotique américain m'annonce que les militaires ont abattu onze talibans alors que, de son côté, Al-Jazeerah n'en mentionne que trois, je suppose, en tant que lecteur critique, que la vérité se situe probablement à mi-chemin entre les deux; du moins sais-je que je ne peux accorder de crédibilité ni à l'un, ni à l'autre, car tout porte à croire que l'information est manipulée. 

Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Le foisonnement des chaînes d'information, quotidiens et magazines rend la tâche du lecteur considérablement ardue. Devant l'impossibilité de savoir où réside l'intérêt de tout un chacun dans les médias, le lecteur est dans l'obligation de se tenir constamment sur ses gardes. Comment s'y retrouver quand on sait que toute information est susceptible d'être manipulée ? Entretenir un doute perpétuel, est-ce le défi de tout lecteur du XXIe siècle ? Devrait-on avoir à remettre en question tout ce que l'on lit ou entend, même chez les médias les plus crédibles (en apparence) et qui vantent leur objectivité infaillible ?

À suivre...

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