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Le Blaireau - Carnet éditorial
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8 août 2006

Sommes-nous manipulés par les médias ?

Je vous présente aujourd'hui le premier d'une série de billets portant sur les médias et leur façon de traiter l'information. Je trouve déplorable qu'on en parle si peu; pourtant, je ne suis pas non plus surpris : pourquoi les médias voudraient-ils soulever un débat qui risque de ruiner leur (pseudo)-crédibilité ?

 Je publierai un billet à tous les deux ou trois jours. J'ai déjà une liste de titres, mais il se peut qu'elle change en cours de route par des modifications ou des ajouts, au rythme de mes réflexions :

 1. Sommes-nous manipulés par les médias ?

2. L'objectivité, ou l'impossible quête médiatique

3. Langage, sensationnalisme et sensationnalisme linguistique

4. Quelques qualités d'un lecteur averti

 En guise d'introduction : la réflexion menant au débat

À la base, le métier d'un journaliste est fort respectable. Il est là pour servir une population, répondant à besoin essentiel de toute société contemporaine dont la formulation est devenue depuis la devise de bon nombre de quotidiens et de chaînes de télévision : avoir le droit de savoir. Le journaliste est donc un pont entre un individu et le monde, à une époque où les frontières s'estompent et où les distances se rétrécissent. Savoir que l'armée de votre voisin du sud se dirige vers votre village est une information qui peut vous sauver la vie. Savoir de quelle façon un gouvernement gère les finances publiques peut largement influencer votre vote, celui de votre voisin et, par extension, tout le profil politique d'un pays.

 Ne nous leurrons pas : nous dépendons irrémédiablement des médias dès que nous voulons savoir. De la couleur de la robe de la mairesse Boucher lors du dernier conseil de ville de Québec jusqu'au dernier bilan des victimes d'un tsunami à l'autre bout de la planète, nous savons vers qui nous tourner lorsque nous avons besoin de savoir.

 1. Sommes-nous manipulés par les médias ?

Du moment qu'ils se sont imposés en tant que détenteurs de l'information absolue, les journalistes, conscients d'avoir entre les mains une arme d'une puissance inouïe mais aussi à double tranchant, ont établi certains critères destinés à « protéger » leur métier sous l'égide de la crédibilité. Tout petit, je ne croyais pas aux abracadabrantes histoires de chasse de mon grand-oncle parce qu'il avait la réputation d'être un fieffé menteur. La même histoire dans la bouche d'une personne crédible aurait pu avoir un tout autre impact. On parlera alors de vérité mais surtout d'objectivité, le motus operandi de tout journaliste qui se respecte et qui veut se faire respecter.

Si les journalistes ont pris conscience du pouvoir qu'ils avaient entre les mains, d'autres ont aussi rapidement compris que gouverner équivaut à tenir les médias d'une main de fer et à faire rentrer les récalicitrants dans le rang. On pratiquait la censure dans l'empire romain et en France sous Louis XIV de la même façon qu'on la pratique encore aujourd'hui à Cuba. S'il existe de tels pays où l'on censure si effrontément l'information sans même s'en cacher (c'est le cas, par exemple, de la Chine), sommes-nous naïfs au point de croire que l'Occident, « Terre de Liberté » comme se plaisent à le croire nos voisins du sud, est à l'abri de ces pratiques sournoises ? La manipulation de l'information se pratique ici, sous nos yeux, et je dirais même que beaucoup de gens la trouvent normale.

C'est bien à la mode, ces temps-ci, de se dire de droite ou de gauche, d'extrême-droite ou d'extrême-gauche, de centre-droite ou de centre-gauche, de centre-centre gauche d'ascendance pseudo-droitiste, bref toute cette panoplie d'expressions simplistes et réductrices qui veulent nous faire croire qu'on peut placer le monde entier entre deux points cardinaux. C'est schtroumpf-vert et vert-schtroumpf, à chacun son clan et à chaque clan ses armes. Dès lors, on identifie chaque média d'information comme étant de droite ou de gauche, selon les intérêts de leurs propriétaires : Power Corp. à droite, Québécor à gauche, noir et blanc, tout est clair, soyons tous des biauriculosomniaques tranquilles. Au peuple le Journal de Montréal et à l'intelligentsia Le Devoir, chacun chez soi et les médias seront bien gardés !

Comment ne pas voir que le problème se situe exactement là où réside notre confort par rapport à un média ? Quand j'achète Le Devoir, sachant que j'y retrouverai les informations orientées d'une façon qui me plaît, j'accepte du même coup le fait que l'information qu'on me sert n'est plus objective. J'accepte que les journalistes de ce quotidien passent certains faits sous silence et mettent l'accent sur d'autres afin de correspondre à une ligne idéologique et éditoriale bien tracée. Bref, j'accepte le fait d'être manipulé, de plein gré, par le média.

Dans le même ordre d'idées, j'attire votre attention sur l'article de Julien Brault publié dans le magazine Spirale (#208, mai-juin 2006, p. 32-33) intitulé « Souveraineté journalistique ». Cet article est, en fait, un compte rendu de trois essais publiés récemment traitant de la manipulation de l'information par les médias lors du référendum de 1995. « Un fédéraliste, un « pur et dur » et un Canadien-anglais originaire de Thunder Bay en viennent à la même conclusion : les médias ont favorisé le fédéralisme en 1995 ». Sans entrer dans les détails que présente Brault dans son compte rendu, cet article m'a permis de lancer une réflexion plus générale sur les médias et le contrôle de l'information.

Manipulés donc, nous le sommes. Si certains journalistes sont plutôt prompts à déshonorer leur profession pour servir sans aucun scrupule les intérêts des politiciens, encore faut-il aiguiser notre esprit critique pour prendre conscience du phénomène. C'est d'ailleurs la seule façon de contrer les effets pervers de la manipulation de l'information : en étant conscient de l'orientation éditoriale de ce que je lis (ou entends), je me permets de douter de la validité des faits qu'on me présente et je suis donc moins susceptible d'être réellement influencé par le média. Je ne m'attends pas à lire un article se portant à la défense de la cause souverainiste dans les pages de La Presse. Au contraire, je sais que ce que j'y lirai sera généralement (et subtilement) orienté de façon à faire briller davantage le point de vue inverse, le « bon côté » de la médaille.  Sachant cela, toute lecture devient critique, et toute lecture critique permet au lecteur de faire la part des choses entre l'information orientée et l'information réelle. Quand un quotidien patriotique américain m'annonce que les militaires ont abattu onze talibans alors que, de son côté, Al-Jazeerah n'en mentionne que trois, je suppose, en tant que lecteur critique, que la vérité se situe probablement à mi-chemin entre les deux; du moins sais-je que je ne peux accorder de crédibilité ni à l'un, ni à l'autre, car tout porte à croire que l'information est manipulée. 

Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Le foisonnement des chaînes d'information, quotidiens et magazines rend la tâche du lecteur considérablement ardue. Devant l'impossibilité de savoir où réside l'intérêt de tout un chacun dans les médias, le lecteur est dans l'obligation de se tenir constamment sur ses gardes. Comment s'y retrouver quand on sait que toute information est susceptible d'être manipulée ? Entretenir un doute perpétuel, est-ce le défi de tout lecteur du XXIe siècle ? Devrait-on avoir à remettre en question tout ce que l'on lit ou entend, même chez les médias les plus crédibles (en apparence) et qui vantent leur objectivité infaillible ?

À suivre...

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Commentaires
M
VOICI UNE PREUVE DE MANIPULATION..??TOUT LE MONDE....VOUS DIT..?VOTER ET UN DROIT..VOTER ET UN DEVOIR.???MAIS LES GENS SONT TELLEMENT IDIOTS...,QUILS NON PAS COMPRIS QUE DE VOTER CELA NE CHANGE PAS LEURS VIES.??QUE DE VOTER CELA NE LEURS RAPPORTES RIEN.??ET ALOR D'APRES VOUS A QUI CELA RAPPORTE...A QUI CELA CHANGE LA VIES..??QUESTION QUI N'ETAIS PAS AU BAC..DE 2013...?
E
J'espère que ce présent message vous arrivera à temps malgré les 3 années passées entre l'écriture de votre éditorial et la lecture que j'en ai fait ! <br /> <br /> J'ai beaucoup aimé lire votre texte écrit avec réalité et intelligence... Cela m'a permis de mettre des mots sur l'opinion que j'avais en tête et ces questionnements qui m'animent ces jours-ci ! <br /> <br /> je vous relierai assurément ! <br /> <br /> Elle
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